Définition de LONG, ONGUE
Prononciation : lon ; lon-gh' ; le g devant une consonne ne se prononce pas : un lon chemin ; devant une voyelle ou
DÉFINITIONS
1
Qui s'étend en une ligne étendue, par opposition à court. Une longue ligne de soldats. Taille longue et menue. Le cours du Danube est long.Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où Le héron au long bec emmanché d'un long cou
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 4
En longs habits de lin
de Jean RACINE dans Ath. II, 1
On ne concevait pas comment la tête de cette colonne pourrait traîner et soutenir, dans une si longue route, une aussi lourde masse d'équipages
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 1
Sémantique : Fig.
Le divorce est signé de cette même main Que l'on voit à longs flots verser le sang romain
De longs regards, des regards qui se prolongent au loin ; ils expriment la douleur, l'amour, une passion.
D'où vient qu'en m'écoutant, vos yeux, vos tristes yeux Avec de longs regards se tournent vers les cieux ?
de Jean RACINE dans Brit. V, 1
Les races longues cornes, ou, simplement, les longues cornes, groupe de bêtes bovines occupant autrefois les parties occidentales des îles Britanniques, et qui avaient pour caractère commun des cornes longues, courbées d'abord en bas et relevées.
Longue laine, nom commun à toutes les races ovines dont la laine est lisse, longue de 15 à 35 centimètres, et propre au peignage.
Sémantique : Fig. Avoir les dents longues, bien longues, être privé de nourriture depuis longtemps, ou, simplement, avoir faim.
Sémantique : Fig. Il a les bras longs, les mains longues, son pouvoir s'étend bien loin.
Les jansénistes ont la phrase trop longue : fasse le ciel qu'ils n'aient jamais les bras longs !
Nature : Elliptiquement. Prendre le plus long, aller en quelque lieu par le plus long chemin.
Promettez-moi de prendre toujours le plus long et le plus sûr ; il n'y a nulle comparaison entre s'ennuyer et se noyer
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 17 nov. 1688
Mon philosophe Damilaville, qui avait fait pendant quelques mois la consolation de ma vie, est parti et a pris son plus long pour aller voir un ami avec lequel il restera quelque temps
Sémantique : Fig. Prendre le plus long, se servir des moyens les moins propres à faire réussir promptement ce qu'on a entrepris.
2
Habit long, la soutane et le manteau que portent les ecclésiastiques. Il était en habit long.3
Vue longue, vue qui discerne les objets à une grande distance.Lunette de longue vue, ou, simplement, longue-vue, lunette d'approche, lunette avec laquelle on voit les objets éloignés.
4
Pâte longue, voy. PÂTE.5
Il se dit de la plus grande dimension d'une surface, par opposition à large. Ce jardin est plus long que large. Un champ long et étroit.Un carré long, un parallélogramme à angles droits.
6
Qui dure plus ou moins de temps.Beaucoup par un long âge ont appris comme vous Que le malheur succède au bonheur le plus doux
de Pierre CORNEILLE dans Horace, V, 2
Que vivre sans vous voir est un sort rigoureux.... C'est une longue mort
de Pierre CORNEILLE dans le Ment. III, 5
L'autre [la Discorde], diligente, Courait vite aux débats, et prévenait la paix ; Faisait d'une étincelle un feu long à s'éteindre
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VI, 20
Ai-je pris sur moi-même un assez long empire ?
Le monde n'a point de longues injustices
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 9 sept. 1675
Vous qui, éblouis de l'éclat du monde, admirez le tranquille cours d'une si longue et si belle vie
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Une longue et paisible jouissance d'une des plus nobles couronnes de l'univers
Ce ne sont pas les années, c'est une longue préparation qui vous donnera de l'assurance [au moment de la mort]
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Je ne vous raconterai pas la suite trop fortunée de ses entreprises [de Cromwell].... ni cette longue tranquillité qui a étonné l'univers
Les nouvelles d'Espagne sont un peu longues à venir
Que m'importe, après tout, que Néron plus fidèle D'une longue vertu laisse un jour le modèle ?
de Jean RACINE dans Brit. I, 1
Toujours évanouie, Madame, elle ne marque aucun reste de vie Que par de longs soupirs et des gémissements
de Jean RACINE dans Baj. IV, 5
Ses longs mugissements font trembler le rivage
de Jean RACINE dans Phèdre, V, 6
Ah ! que le temps est long à mon impatience !
de Jean RACINE dans Esth. II, 1
Un long amas d'honneurs rend Thésée excusable
de Jean RACINE dans Phèdre, I, 1
Le souper fut plus long que le dîner ; on se parla avec plus de confiance
Gortz et Gyllembourg, ses ministres, furent retenus près de six mois, et ce long outrage confirma en lui tous ses desseins de vengeance
Ce meurtre est annoncé par de longs cris de joie
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Charles IX, V, 2
Au bout d'un quart d'heure qui fut long [qui me parut long]
Le long temps, la longue durée du temps ; un long temps, un long intervalle de temps (voy. TEMPS).
Long espoir, espoir qui s'étend loin dans l'avenir.
Quittez le long espoir et les vastes pensées
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XI, 8
Sémantique : Terme de marine. Voyage de long cours, voyage par mer dont le but et le terme sont fort éloignés. Capitaine au long cours.
Oiseau de long vol, oiseau capable de faire en volant de longues traversées.
Comme ce n'est point un oiseau de long vol [le manakin], il n'est guère probable qu'il ait traversé la mer pour arriver à l'île de Cuba
Bail à longues années, à long terme, bail dont la durée s'étend au delà du nombre d'années des baux ordinaires.
Longue échéance, terme qui n'arrive qu'après un long temps. Bail à longue échéance.
Sémantique : Terme de pratique. Assignation à longs jours, assignation qui accorde un délai plus long que le délai ordinaire.
De longue haleine, voy. HALEINE, n° 3.
C'est du pain bien long, se dit en parlant d'un travail dont on ne peut pas voir si tôt le profit.
Faire courte messe et long dîner, aimer la bonne chère plus que la piété.
Vous m'avez donné le carême bien long, c'est-à-dire vous prenez un bien long terme.
Nature : Elliptiquement. Il ne la fera pas longue, c'est-à-dire il ne vivra pas longtemps.
7
Syllabe longue, voyelle longue, syllabe, voyelle dont la prononciation a plus de durée que celle d'une syllabe, d'une voyelle brève. Chez les anciens la syllabe longue valait deux syllabes brèves.Épier si des vers la rime est brève ou longue
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IX
Toute syllabe masculine, qu'elle soit brève ou non au singulier, est toujours longue au pluriel
de D'OLIVET dans Prosod. franç. art. 4, récap.
Substantivement, une longue, une syllabe longue. Le dactyle est composé d'une longue et de deux brèves.
Sémantique : Fig. et familièrement. Observer les longues et les brèves, être très cérémonieux, et aussi être exact en tout ce qu'on fait.
Notre vrai plaisir, c'est de penser que nous partons lundi, après avoir observé toutes les longues et brèves du cérémonial de Bourbon [lieu d'eaux]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 9 oct. 1687
Il en sait les longues et les brèves, se dit d'une personne habile et intelligente en quelque affaire.
8
Qu'il faut beaucoup de temps pour lire ou réciter. Un long discours.Un sonnet sans défaut vaut seul un long poëme
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. II
9
Qui pèche par trop d'étendue, par la diffusion.Rien n'est long que le superflu, Dicte-moi ce que je dois dire, Et ne me laisse rien écrire Qui ne soit digne d'être lu
de LA MOTTE dans Odes, t. I, p. 181, dans POUGENS
Il se dit des personnes, dans le même sens.
J'évite d'être long, et je deviens obscur
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
10
Lent, tardif. Les vieillards sont longs en tout. Ces arbres sont longs à pousser, à croître.Ou Rome à ses agents donne un pouvoir bien large, Ou vous êtes bien long à faire votre charge
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. III, 3
11
Nature : S. m. Longueur, par opposition à largeur. Ces rideaux ont deux aunes de long.S'étendre de son long, tout de son long, tomber à terre ou se coucher, en donnant au corps toute sa longueur.
Cependant de son long, sans pouls et sans haleine....
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
Un homme étendu de son long auprès d'une haie fit grand'peur à leurs chevaux
de Paul SCARRON dans Rom. com. II, 13
Je veux faire tomber sur cette idole la foudre de la vérité évangélique ; je veux l'abattre tout de son long devant la croix de mon Sauveur
Quand vous écrirez à votre grand'maman [la duchesse de Choiseul] qui ne m'écrit point, mettez-moi tout de mon long à ses pieds
Sémantique : Fig. Tirer la langue d'un pied de long, être dans quelque grande nécessité.
Sémantique : Familièrement. Il nous en a dit long, bien long, c'est-à-dire il nous a dit beaucoup de choses sur tel sujet.
En savoir long, bien long, avoir des connaissances fort étendues.
J'aime mieux être ignorant avec elle [Votre Majesté], que d'en savoir si long avec l'auteur du Système de la nature sur des choses où l'on ne sait rien
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. au roi de Prusse, 3 janv. 1771
Ce Corneille Agrippa pourtant en sait bien long !
de Victor HUGO dans Hernani, IV, 1
En savoir long, signifie aussi être adroit, habile, rusé.
Voyez un peu la malice ! oh ! elle en sait long
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éduc. la Lingère, II, 4
Savoir le court et le long d'une affaire, en savoir toutes les particularités.
Scieur de long, ouvrier qui scie des pièces de bois en long pour faire des planches.
Sémantique : Terme d'anatomie. Le long du cou, muscle qui s'attache à la face antérieure du corps des trois premières vertèbres dorsales et des six dernières cervicales.
Le long, grande auge dans laquelle les saliniers font déposer la muire.
12
De long ; en long, Nature : loc. adv. En longueur, dans le sens de la longueur. Fendre du bois en long.Sémantique : Terme de fauconnerie. Voler en long, se dit d'un oiseau qui vole en ligne droite.
Sémantique : Fig. Avoir les côtes en long, être très paresseux.
Sémantique : Familièrement. Tirer de long, s'esquiver, s'enfuir.
La colombe l'entend, part et tire de long
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 12
Sémantique : Fig. Tirer de long, apporter des délais dans une affaire.
Les courriers du cardinal de Bouillon tirèrent tant de long qu'il [le cardinal] parvint à atteindre ce qu'il désirait
Sémantique : Terme de vénerie. Tirer de long, faire suivre les chiens.
En long et en large, en longueur et en largeur, alternativement. Aller en long et en large.
Je me promène en long et en large
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 314
On dit dans le même sens : de long en large.
13
Au long, tout au long, Nature : loc. adv. Amplement, avec étendue, avec détail.Viens m'en conter au long la pitoyable histoire
Apprends-moi plus au long la véritable histoire
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 3
....Les consolateurs De ce triste devoir tout au long s'acquittèrent
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XII, 6
Il serait superflu de parler au long de la glorieuse naissance de cette princesse
Le poëme de l'Anti-Lucrèce dont nous parlerons bientôt plus au long
de MAIRAN dans Éloge du card. de Polignac.
Nous [les compilateurs] avons l'habitude De rédiger au long, de point en point, Ce qu'on pensa ; mais nous ne pensons point
14
De longue main, Nature : loc. adv. Depuis longtemps.Parce qu'il est malaisé de se défaire si promptement d'une opinion à laquelle on est accoutumé de longue main
de René DESCARTES dans Méd. II, 13
Et de si longue main je connais ta prudence....
de Pierre CORNEILLE dans Médée, III, 2
15
Tout du long, Nature : loc. adv. Dans toute la longueur.Monseigneur et Mme la duchesse de Bourgogne firent mettre un jour des pétards tout du long de l'allée
Dans toute la durée.
Ayant crié et disputé dans la rue tout du long de la journée
Il faut faire payer exactement toutes les rentes que doit Lajarie tout du long de son bail
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 23 mars 1687
Le long du jour il vous enchante
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Thélème et Macare.
Dans toute l'étendue, d'un bout à l'autre.
Je suis tellement libertine quand j'écris, que le premier tour que je prends règne tout du long de ma lettre
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20 juillet 1679
M. le chancelier a fait lire le projet [pièce dans le procès de Fouquet] tout du long
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 4 déc. 1664
Tout du long, sans interruption.
Çà, je veux étouffer le courroux qui m'enflamme, Et tout du long t'ouïr sur ta commission
Je vous ai laissés tout du long quereller
Nous craignons bien que vous n'ayez tout du long Mme la Grande Duchesse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 11 juin 1675
Entièrement.
J'ose me flatter que ce parlement se fera un honneur de réparer entièrement les malheurs de la famille Sirven, et que le roi payera les frais tout du long
Sémantique : Fig. Être tout du long dans un livre, dans un récit, y figurer avec détail.
L'histoire de la guerre de 1741, où vous êtes tout du long, paraîtra un jour ; mais c'est un fruit qu'il faut laisser mûrir
Tout du long, en côtoyant. Allez tout du long du ruisseau.
Tout du long de l'aune, sans discontinuer.
C'est véritablement la tour de Babylone, Car chacun y babille et tout du long de l'aune
Il en a eu tout du long de l'aune, c'est-à-dire il a été battu, ou maltraité en quelque affaire.
Nature : Elliptiquement. En donner tout du long, à quelqu'un, le bien battre, le malmener, et aussi se jouer de lui.
Le traître ! tout du long il nous en a donné
16
En donner à quelqu'un du long et du large, le bien battre.Morbleu, tu as menti ; il faut t'en faire tâter tout du long et tout du large
Donnons-en à ce fourbe et du long et du large
17
Le long, tout le long, au long de, loc. prép. En côtoyant.Allez avec les miens au long de ce rivage
Faites plusieurs fosses le long du lit de ce torrent
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Rois, IV, III, 16
Le long d'un clair ruisseau buvait une colombe
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 12
Je voulus prendre le long de la mer
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 7
Ses larmes coulèrent le long de ses joues
[Anciennement dans les théâtres] le lieu de la scène était resserré par une foule de spectateurs, les uns assis sur des gradins, les autres debout au fond du théâtre et le long des coulisses
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. IV
Tout le long, pendant toute la durée de. Je m'ennuie tout le long de la journée.
18
À la longue, loc. adv. Avec le temps.Ne quittons pas pourtant ; à la longue on fait tout
de Pierre CORNEILLE dans la Gal. du Palais, I, 1
Mais à la longue il trouva si peu de rapport entre son esprit et celui de son invisible...
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 9
À la longue on n'y durerait pas
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 558
Le plus habile l'emporte à la longue
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 2
Pourquoi la matière propre à faire un soleil ne pourra-t-elle pas se ramasser à la longue en un certain lieu ?
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans les Mondes, 5e soir.
19
Tirer de longue, susciter des délais, des retardements.Porto-Carrero se mit à presser Monteleone de faire le mariage de Mortare avec sa fille ; le duc tira de longue ; mais enfin, serré de près....
Un mandement à faire, puis à mettre à l'examen, était de quoi tirer de longue et faire naître toutes les difficultés qu'on voudrait
REMARQUE
1
1. Marg. Buffet, 1668, Observ. p. 198, blâme l'expression de longue main : " On dit sans penser faire de faute : On connaît ces gens-là de longue main, il faut dire : de longtemps. " Cette expression remonte au XIVe ou XVe siècle et est acceptée par l'usage.2
2. Chevallet a dit que la locution de longue main était une méprise de la langue qui avait changé de longuement en de longue main. Il est certain que de longuement s'est dit ; Voici des exemples du XIIe siècle :Des autres s'est li reis partis Od [avec] ceus qui plus amerement Heent [haïssent] le duc de longuement
dans Chron. des ducs de Norm. t. II, p. 202
Moult est li deables gringnos.... Argumens set faire od soffime [sophisme] ; Kar es ceus [cieux] fu e en abisme ; Si a apris de longuement
dans ib. p. 353
HISTORIQUE
1
XIe s.De lunc dei [du doigt du milieu], de l'altre qui porte l'anel
dans Lois de Guill. 13
Veez m'espée, qui est e bone e lunge
dans Ch. de Rol. LXXV
Lunc un autel belement [ils] l'entererent
dans ib. CCLXXI
2
XIIe s.Et de lonc et de lé
dans Roncis. 19
Je t'ai moult lonc [longtemps] portée [mon épée]
dans ib. 23
En vielle geste est escrit de lons ans
dans ib. 86
Tant s'est amors affermée En mon cuer [coeur] à lonc sejor
dans Couci, I
Mainte longue semaine Trai [je passe], quant sui loing de lui [elle]
dans ib. VIII
Mais bien me pourra grever Lons desirs sans conforter
dans ib. p. 119
3
XIIIe s.De longues terres longues nouvelles [celui qui revient de loin a beaucoup à dire], Prov. du vilain, ms. de St-Germain, f° 74, dans LACURNE. Et il virent le lonc et le lé de la vile, qui de toutes autres estoit souveraine
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LXI
Cinq piés [Pepin] ot et demi, de long plus n'en ot mie
dans Berte, II
Se j'ai chanté, ne m'a gaire valu ; Au long aler [à la longue], se Deu plait, me vaudra
dans Poés. franç. av. 1300, t. I, p. 487, dans LACURNE
Et li crestien avoient tendut une roie [un rets], parmi l'aigue, de lonc en lonc le pont pour les aventures que avenir pooient
dans Chr de Rains, 96
Ne vous chaut s'il [un vêtement] est cors ou lons
dans la Rose, 8554
Bien doit estre cele m'amie Qui veut que j'aie longe vie
dans Fl. et Bl. 2540
4
XVe s.Et disoit aux chevaliers qui estoient delez lui : que ce Lombard la fait longue [combien il emploie de temps] ! il nous fait ci mourir de froid
de Jean FROISSART dans I, I, 327
Et me fut dit que de longue main ce duc d'Irlande avoit fait si grand attrait d'or et d'argent....
de Jean FROISSART dans II, III, 80
Je seray ici dedans trois sepmaines au plus long, se Dieu me garde de prison ou de maladie
dans Perceforest, t. IV, f° 49
N'y aura si estrange proposition que, au respondre, il ne repete de point en point par ordre, et à chascun si bien et si vivement responde ou replique, s'il affiert, qu'il semble que de longue main ait estudié la matiere
Dieu, prevoiant leurs faultes futures, leura souffert de longue main...
de CHASTELAIN dans Chron. du duc Philippe, proesme.
Et tant d'aultres auctorités qui se trouveroient très longues à dire
dans J. de Saintré, ch. 5
À fin que, le temps advenir, ses faits soient tousjours cause de bon exemple, il est bon que cy soient presentés tout long
dans Bouc. III, 3
Tout au long du chemin
de Philippe de COMMINES dans I, 2
Toutes fois il recouvra ses pieces [son argent] à la longue
de Philippe de COMMINES dans VII, 5
5
XVIe s.L'amiral, à qui la demeure en un lieu estoit ruineuse, après quelques canonades fit filer de longue
Cettui-ci, homme violent aux autres choses, ne la fit pas longue [ne vécut pas longtemps] après ce refus
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. II, 28
Si la douleur est longue, elle est legiere
de Michel de MONTAIGNE dans I, 304
Avoir la veue longue
de Michel de MONTAIGNE dans III, 58
Le soleil porta, tout le long d'un an, le deuil de sa mort
de Michel de MONTAIGNE dans II, 382
Estant cheute de son long esvanouïe
de Michel de MONTAIGNE dans III, 181
La longueur du temps adjouxtée à l'assiduité de labeur en la manufacture d'un ouvrage, lui donne force et vigueur de longue durée
de Jacques AMYOT dans Péricl. 26
De longue main il estoit en dissension avec ceulx de sa maison
de Jacques AMYOT dans ib. 68
Il s'alla camper au long de la riviere d'Aufide
de Jacques AMYOT dans Fab. 31
Alcibiades se jetta tout de son long emmy la place au-devant du chariot
de Jacques AMYOT dans Alc. 3
S'attendant bien que la guerre prendroit long trait, et iroit en grande longueur soubs Nicias
de Jacques AMYOT dans ib. 39
Les roys ont les mains longues
de CONDÉ dans Mémoires, p. 598
Longues paroles font les jours courts
de Randle COTGRAVE dans
ÉTYMOLOGIE
1
Génev. à la longe, à la longue ; provenç. long, lonc, loing ; port. longo ; ital. lungo ; du lat. longus ; comp. l'allem. lang ; polon. dlugo ; russe, dolgo ; anc. persan, dranga ; sanscr. dîrgha. La forme polonaise porte à supposer un latin dlongus ; mais Curtius et Corssen contestent ces rapprochements, et rattachent longus au grec, tarder, être long. En somme, l'étymologie reste encore obscure.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
De long. Ajoutez :Aller de long, continuer.
Je l'ai trouvé [votre livre] si bien à mon goût, qu'il a fallu que je sois allé de long
de François de MALHERBE dans Lexique, éd. L. Lalanne
2
Ajoutez :Aller de longue, avancer.
Puisque je me suis mis dans le chemin de l'impudence, il faut aller de longue
de François de MALHERBE dans Lexique, éd. L. Lalanne
3
Ajoutez :3. À côté de tirer de longue, causer des délais, on trouve aussi, au neutre, tirer de longue, éprouver des délais.
Le roi juge l'affaire si importante qu'aussitôt qu'il a cru qu'elle pouvait tirer de longue, il s'est résolu de s'avancer jusques à Pignerol
de RICHELIEU dans Lettres, etc., t. VI, p. 468 (1639).
4. Ajoutez un exemple de longue main (voy. la discussion à Rem. 2), lequel est du XIIIe s. :
Fouke Cringnon et Wautier sen frere, qui tenoient les II moies de terre devant dites et qui avoient paiet de longe main les deus mines de blé...
dans Charte du Vermandois de 1238, dans Bibl. des ch. 1874, t. XXXV, p. 457